de la part du grand dieu vivant, qui est mon maître & le tien, de me dire qui tu es, & par quelle audace tu prends plaisir à m’épouvanter par tes feux & la rapidité de tes mouvemens.
L’effort que je fis pour exprimer ce peu de mots, m’occasionna une sueur froide, qui m’empêcha de continuer : j’attendis la réponse de ce lutin avec une inquiétude extrême ; je craignois horriblement ses accolades ; heureusement qu’il prit enfin pitié de la peine où il me voyoit.
Tranquillise-toi, dit l’homme de feu ; je suis un salamandre qui, éloigné de chercher à te nuire, n’a d’autre intention que celle de te donner des conseils qui puissent t’être utiles. Tu ne dois pas ignorer que le feu est l’élément qui nous est destiné, & dans lequel nous vivons ; c’est ce qui fait que nous ne pouvons nous montrer qu’en voltigeant sans cesse. Mais toi, qui depuis long-tems es occupée à une étude des sciences, ne devrois-tu pas être dégagée des foiblesses de ton sexe ? Pourquoi donc ma présence t’a-t-elle si fort intimidée ? Tu dois me connoître par les relations que quantité de philosophes ont insérées dans leurs écrits sur