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Voyage

vos bijoux ; souvent même ces misérables ne se font aucun scrupule de vous ôter la vie ; peut-être croyent-ils par-là éviter les poursuites de la justice.

Arrivés au bas de la montagne, le génie, d’un vol rapide, nous enleva jusqu’au milieu du temple, où l’on voit un piédestal en forme quarrée, de la hauteur de plus de cent coudées, sur lequel s’éleve un trône manifiquement orné : dessous est la fortune : cette déesse y est représentée comme on dépeint l’amour, avec un bandeau sur les yeux : elle me parut aussi ressembler à Mercure, en ce qu’elle a des ailes aux talons. D’une main la déesse tient une corne d’abondance ; de l’autre, le timon d’un vaisseau : un de ses pieds est appuyé sur une roue, qu’elle semble faire tourner à son gré, se faisant un plaisir malin de renverser ceux qui par leur hardiesse ont franchi toute sorte de dangers pour parvenir au faîte de cette roue, afin de faire monter des misérables, qu’elle enlève rapidement en les accrochant par leurs souguenilles : ces gens paroissent si étourdis de leur subite élévation, de leurs titres pompeux & de leurs grandes qualités, que si Ovide les eût connus, il eût trouvé une ample matière pour en composer un nouveau chapitre dans son livre des métamor-