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de Milord Céton.

sa basse naissance, & les sentiers obliques qui l’ont conduit au temple de la fortune. Cet homme n’a point de caractère à lui ; & la supériorité qu’il s’est acquise par ses richesses, devient une dure tyrannie pour les personnes qui forment sa société ; mais c’est le propre de tous les sots que la fortune a élevés : bien des gens les méprisent, & ne leur rendent pas moins des hommages & des respects. On plaint quelquefois, un honnête homme qui est dans l’indigence ; mais loin de lui présenter une main secourable pour adoucir ses peines, on le fuit, & on tâche toujours d’éviter sa rencontre.

Nous arrivâmes enfin chez le grand-prêtre. Tous ses domestiques avoient un air d’insolence ; ils anticipoient déjà la fatuité de leur maître, ils en avoient copié la hauteur & la fierté, & nous reçurent d’une façon brusque & désobligeante, en nous introduisant dans l’appartement de madame, qui, nonchalamment couchée sur une chaise longue, voulut bien nous honorer d’une inclination de tête.

Cette femme étoit ce qu’on appelle la sultane Validée, c’est-à-dire, celle que le grand-prêtre avoit autrefois distinguée assez, pour l’honorer de son nom ; car dans toute la Cillénie, ces grands personnages ont acquis, par