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Voyages

pitié, du moins, donnez quelques heures dans la journée à une malheureuse, qui n’a de plaisirs ni de dissipation que ceux que vous lui procurez ; aidez-moi à supporter mes ennuis. Hélas ! si votre cœur étoit pénétré des mêmes sentimens que j’éprouve, seroit-ce à moi à vous faire appercevoir que deux jours se sont passés, sans avoir daigné vous ressouvenir d’une sœur qui n’est occupée que de vous ? Devez-vous douter de tout ce que j’ai souffert, par la crainte qu’on eût attenté à vos jours ou à votre liberté ? Plaintes inutiles ! on ne m’aime point, & il ne me reste aucune prétention au repos. Monime ne put retenir ses larmes.

Pénétré jusqu’au fond de l’ame d’un reproche que je méritois si peu ; arrêtez, chère Monime, cessez d’insulter un cœur qui n’est dévoué qu’à vous seule ; ne condamnez point un homme qui vous adore… Que dis-je, en frémissant ? … ma raison s’égare… un délire, sans doute, s’empare de mes sens. Ah ! pardonnez ce trouble que vos injustes soupçons font naître dans mon esprit… Je ne vous aime point ? … Ah ! Monime, chère Monime ! … comment une pensée aussi injurieuse a-t-elle pu trouver place dans votre cœur ? Monime, surprise & interdite, me regardoit sans oser me répondre. Après un quart-d’heure de si-