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de Milord Céton.

géreté ; rendez plus de justice aux feux que vous allumez, & soyez persuadée qu’ils ne peuvent jamais s’éteindre. J’avoue qu’avant que vous paroissiez à la cour, j’ai souvent cherché les occasions de m’amuser ; semblable aux zéphirs qui sans cesse caressent de nouvelles fleurs, je n’ai fait que voltiger, sans pouvoir me fixer sur aucun objet ; cet aveu doit vous prouver ma sincérité. Hélas ! que je regrette toutes les expressions de tendresse que j’ai prodiguées à des femmes qui le méritoient si peu ! pouvois-je jurer d’être fidèle à des goûts passagers ! Non, divine Taymuras, ce n’est que dans vos yeux qu’on doit trouver l’impression d’un véritable amour, & ce n’est qu’en s’unissant à vous qu’on peut en ressentir l’ivresse. L’univers entier paie à Vénus le tribut de son obéissance ; faut-il que vous soyez la seule qui résistiez à ces douces influences ? J’ai cru d’abord m’appercevoir que vous n’étiez point insensible à mon amour. Ce seroit l’accuser de foiblesse que d’en craindre l’inconstance. Que je mets de différence entre la façon de penser de ma princesse & celle de nos Idaliennes ! j’ai trop appris qu’elles ne savent point aimer. Ce n’est jamais le tendre amour qui les détermine ; on ne les voit céder qu’à l’ambition, à l’attrait des richesses, à la coquetterie ou à la nature.