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de Milord Céton.

plaisir que je goûte à l’entendre prononcer de votre bouche ? Vous m’aimez ; que ces mots ont de charmes ! répétez-les, je vous en conjure, mon adorable maîtresse.

Pétulant ajouta encore mille propos passionnés, qu’il entremêloit de digressions & de témoignages de tendresse, qui mirent le comble à mon désespoir. J’oubliai alors l’impuissance où j’étois de pouvoir me venger de Monime ; je volai comme un furieux sur son sein, que je piquai vivement : je m’attachai ensuite au nez & aux yeux de mon rival, que je dardai de mon aiguillon avec beaucoup d’animosité ; la douleur qu’ils en ressentirent l’un & l’autre, les mit dans une sorte d’impatience, qui satisfit un peu ma vengeance. Monime me chassa avec vivacité, & Pétulant fit son possible pour m’attraper ; mais plus subtil que lui, je me sauvai au haut d’une corniche, très-content de mon courage & d’avoir, par cet exploit, donné le tems à Monime de rappeller toute sa vertu, que je crus prête à faire naufrage ; c’étoit peut-être l’heure du berger, que j’eus le bonheur de faire manquer au prince. Monime rougissant alors des transports de Pétulant, reprit un air sévère, lui fit un crime de sa témérité ; & quoiqu’il pût dire, en en rejettent la faute sur la force de son amour, pour l’en punir, elle fut