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de Milord Céton.

ment que je trouve auprès de Taymuras ; je découvre en elle tous les jours de nouveaux charmes ; & elle me semble si parfaite, si remplie de connoissances, que ce qu’elle fait ou ce qu’elle dit paroît toujours le plus sage ; la science se déconcerte en sa présence ; sa beauté est si brillante, qu’elle démonte la sagesse, & la fait ressembler à la folie : on diroit, en la voyant, que l’autorité & la raison ne sont faites que pour elle, & que les graces ont élu leur demeure en sa personne ; ses charmes attirent la tendresse, l’estime & l’amour, & la nature l’a formée si parfaite, qu’on peut l’aimer sans foiblesse. Croirois-tu qu’avec des sentimens si purs & si parfaits on puisse déplaire à ce qu’on aime ; cependant c’est leur vivacité & la violence de mon amour qui me perd. Va, cher ami, la trouver de ma part ; parle-lui de ma douleur. Attends, je vais lui écrire pour lui peindre le désespoir où je suis d’avoir pu l’offenser… Mais, non, demeure ; il vaut mieux que je la voie : je veux mourir à ses pieds, si je n’obtiens le pardon d’une faute involontaire.

Pétulant se rendit auprès de Monime ; elle étoit seule, & sans doute occupée de lui : elle ne fut pas fâchée de le voir ; la pénitence qu’elle lui avoit imposée commençoit à l’ennuyer elle-même. Dès que le prince parut, son air triste