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Voyages

vous puissiez jamais espérer d’obtenir votre pardon. Elle m’a chargée de vous dire que vous trouverez dans la maison qu’elle tenoit de vos bienfaits, tous les dons que vous avez pu lui faire ; qu’elle y renonce, & vous demande pour dernière faveur celle de l’oublier pour jamais. Eh ! le puis-je, s’écria Albion, ma chère Caliste ? Par pitié, accordez-moi la grace de me faire parler à Lisis ; je veux mourir à ses pieds, si je ne puis obtenir mon pardon.

Ne vous flattez plus de revoir Lisis, dit Caliste ; elle est à l’extrémité, & c’est vous, cruel, qui lui avez donné la mort ; ce sont vos injustices qui l’ont tuée. Qu’entens-je ! s’écria Albion ; Lisis est malade ; elle est à l’extrémité, & elle ne m’a rien fait dire ; je suis perdu dans son cœur & dans son esprit. Quoi, ce cœur que j’avois rendu sensible est-il fermé pour moi sans retour ? Oui, dit Caliste, puisqu’elle ne veut plus ni vous voir, ni même entendre parler de vous. Ah ! c’en est trop, reprit Albion, je ne puis résister à ma douleur ; ses yeux se troublèrent, & il tomba sans connoissance. Caliste, effrayée de le voir dans cet état, appella du secours, & à force de soins on le fit revenir ; mais dès qu’il eut repris l’usage de ses sens, ce ne fut que pour demander Lisis. Caliste, pour adoucir ses maux, promit