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de Milord Céton.

son premier ministre, pour y régler quelques affaires concernant son état. Chacun se retira. Pour Monime, elle fut accompagnée jusques dans son appartement par une foule de courtisans, qui tous s’empressoient à lui faire la cour. Pour ne la point perdre de vue, je me plaçai sur une aigrette de diamans, dont sa tête étoit ornée.

Dès que Monime fut entrée dans son cabinet, elle se plaignit d’un grand mal de tête ; ses femmes en parurent alarmées ; toutes lui étoient fort attachées : pour moi, oubliant les assurances que le génie m’avoit données, aveuglé par mille différentes passions, je me figurois d’abord que ce n’étoit qu’un prétexte dont elle vouloit se servir pour se débarrasser de ses femmes ; mais quelle fut ma surprise & mon désespoir, quand je la vis tomber sans connoissance ; je fis un cri, qui heureusement ne fut entendu de personne. Oubliant alors toute la haine que je croyois avoir conçue pour cette infidelle, je ne me ressouvins plus que de mon amour. Désespéré de mon état de mouche, qui m’ôtoit jusqu’à la douceur que j’aurois goûtée en lui donnant tous les secours nécessaires, je volai néanmoins sur son sein & sur sa bouche, pour tâcher de la ranimer de mon souffle : mais je pensai être noyé d’eau australe dont ses femmes l’inondèrent,