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de Milord Céton.

de condition puisse choisir ; je l’aime beaucoup ; & si ce n’étoit les désagrémens que je rencontre à chaque pas, j’aurois peine à le quitter ; de pressans motifs m’auroient déjà forcé à prendre un autre parti, si un secret penchant ne m’eût entraîné dans l’armée d’Aricdef.

Vous n’avez donc pas toujours été chez les Marsiens ? Non, dit le chevalier, je n’y suis arrivé que peu de tems avant vous. J’ai commencé à servir chez les Saliens ; mais leur service entraîne à tant de choses fâcheuses, on y dépend de tant de gens intéressés & ignorans, sans cesse en bute à des brutaux qui la plupart, fourbes, débauchés, joueurs ou ivrognes, m’étoient devenus insupportables ; enfin ceux qui ont des mœurs passent chez eux pour pédans. Rien ne dédommage de la perte de son bien ni de son repos. Les injustices & les passedroits y sont encore un désagrément plus sensible. Chez eux le mérite, les grands talens, la prudence & la valeur y sont comptés pour rien ; tous les postes s’y achetent à prix d’argent, ou par de viles complaisances ; ce qui fait que malgré le nombre de leurs troupes & la supériorité de leurs forces, il est souvent facile de les vaincre, par l’ignorance de leurs officiers qui n’ont pas assez de prudence pour savoir à propos profiter de leurs