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de Milord Ceton.

des autres officiers. J’admirois sur-tout en elle cette candeur, cette vérité, cette générosité & ce courage qui est inséparable des grandes ames ; mais poursuivez & m’apprenez ce qui a pu l’empêcher de se trouver à l’action générale.

Je racontai alors au prince la maladie de Marsine, occasionnée par une suite de ses chagrins, dont je lui fis le détail en y joignant les raisons qui l’avoient engagée à prendre ce déguisement, afin de se soustraire aux cruelles tyrannies de Tracius. Pourquoi, dit le prince, a-t-elle refusé de m’honorer de sa confiance ? Parlez, mon cher milord, je vous conjure, au nom de notre amitié, de me dire par quel endroit j’ai pu m’attirer sa haine ; car quelle autre raison peut l’avoir empêché de me révéler un secret qu’elle vous a confié ? Je sais que vous le méritez ; mais en suis-je indigne ? Ah, seigneur, que la princesse est éloignée d’une façon de penser si injuste ! Il est vrai, seigneur, que Marsine a permis que je fus instruit de tous ces seçrets. Il en est encore un que vos bontés devroient m’arracher sans doute, permettez… Je ne permets rien, dit le prince, encore un coup ; parlez, mon cher milord, je le veux, je l’exige, non pas en prince, mais en ami. C’en est trop, repris-je, je ne puis résister à cet excès de bonté.