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de Milord Céton.

du détail des affaires. Ainsi la science du souverain consiste à savoir bien choisir ses visirs & ses généraux, à les placer ensuite suivant leur capacité ou l’étendue de leurs lumières, à distribuer ses faveurs & ses récompenses à proportion des services qu’ils lui rendent, à montrer de la force & de la fermeté pour les punir lorsqu’ils s’écartent de leurs devoirs. La trop grande clémence est souvent dangereuse : un exemple de sévérité, fait à propos, retient le sujet dans l’obéissance, empêche les vexations, maintient l’ordre & fait éviter de grands maux.

Il me paroît, dit Monime, qu’on suit une maxime toute différente chez ces peuples, puisque les récompenses ne sont accordées ni au mérite ni à la prudence, mais à l’étendue de leurs sottises. Il est à présumer que le courage, la bravoure & l’avantage de vaincre ses ennemis, sont actuellement regardés comme d’anciennes chimères, qui ne sont plus de mode chez eux ; ce seroit, sans doute, se donner un ridicule, d’oser montrer cette activité infatigable, qui fait le vrai caractère des conquérans. Peut-être que ceux qui sont assez nigauds pour faire quelque action d’éclat qui fasse trembler l’ennemi, sont regardés comme des imbécilles. Au reste, continua Monime en souriant, vous