Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/134

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
129
de Robinson Crusoé.

tiroient des vivres, & toutes sortes de secours, selon que la nécessité l’exigeoit.

Peut-être n’y a-t-il rien de plus merveilleux dans toute cette histoire, que la facilité avec laquelle se fit le choix des femmes dont j’ai parlé, parmi ces cinq compagnons presque tous également insolens, & difficiles à gouverner. Il est étonnant sur-tout qu’il n’arrivât pas que deux s’attachassant à la même personne, puisqu’il y en avoit deux beaucoup plus aimables que les autres. Il est vrai qu’ils trouvèrent un assez bon biais pour éviter les querelles ; car, ayant mis les cinq femmes ensemble dans une des huttes, ils s’en furent tous dans l’autre, & tirèrent au sort à qui choisiroit le premier.

Ce qu’il y a encore de plus particulier, c’est que celui à qui il échut de choisir avant tous les autres, étant entré dans la cabane où se trouvoient ces femmes toutes nues, il prit celle qui passoit avec raison pour la moins agréable de toutes, puisqu’elle étoit la plus laide & la plus vieille, ce qui excita de grands éclats de rire parmi les quatre aussi-bien que parmi les Espagnols. Mais il raisonnoit mieux qu’entre tous, & comprit que dans ce choix il ne falloit pas seulement avoir égard à l’agrément, mais encore au secours qu’ils pouvoient tirer de leurs femmes dans l’économie de leurs affaires ; & effective-