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Les aventures

Pour leur faire voir de quelle manière la nature avoit pourvu mes artisans, je menai mes charpentiers voir la maison d’Atkins. Ils m’avouèrent tous deux qu’ils n’avoient jamais vu un pareil exemple de l’industrie humaine : l’un des deux, même après avoir rêvé pendant quelques momens, se tournant de mon côté : En vérité, dit-il, cet homme n’a pas besoin de nous, il ne lui manque rien que des outils.

Ce mot me fit souvenir de produire ceux que j’avois apportés ; je distribuai à chaque homme une bêche, une pelle & un rateau, afin de suppléer par là à la charrue & à la herse. Je donnai encore à chaque petite colonie à part, une pioche, un lévier, une grande hache, & une scie, en leur permettant d’en prendre de nouveaux du magasin général, dès qu’ils seroient usés ou rompus.

J’avois mené avec moi à terre le jeune homme dont la mère étoit morte de faim, & la servante aussi. C’étoit une jeune fille douce, bien élevée & pieuse, & sa conduite charmoit tout le monde. Elle avoit vécu sans beaucoup d’agrément dans le vaisseau où il n’y avoit point d’autre femme qu’elle ; mais elle s’étoit soumise à son sort avec beaucoup de résignation. Quand elle vit l’ordre qui régnoit dans mon île, & l’air florissant qui y éclatoit par-tout, considérant qu’elle n’avoit aucune affaire dans les Indes orientales, elle me