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Les aventures

demandoit, pour toute grace, par rapport à lui, que de lui donner quelques esclaves, & tout ce qui étoit nécessaire pour établir une plantation ; que de cette manière-là il attendroit avec patience l’occasion de retourner en Angleterre, persuadé que, quand j’y serois revenu, je ne l’oublierois pas. Enfin il me dit qu’il avoit envie de me donner des lettres pour les parens, afin de les informer des bontés que j’avois eues pour lui, & de l’endroit où je l’avois laissé, & il me promit que dès que je le ferois sortir de l’île, il me céderoit sa plantation, de quelque valeur qu’elle pût être.

Ce petit discourc étoit fort bien arrangé, pour un garçon de cet âge, & il m’étoit d’autant plus agréable qu’il m’assuroit positivement que le mariage en question ne le regardoit pas lui-même. Je lui donnai toutes les assurances possibles de rendre ses lettres, si je revenois sain & sauf en Angleterre, de n’oublier jamais la fâcheuse situation dans laquelle je le laissois, & d’employer tous les moyens possibles pour l’en tirer.

J’étois fort impatient cependant de savoir de quel mariage il avoit voulu parler, & il m’apprit qu’il s’agissoit de Suzanne, (c’étoit le nom de la servante), & de mon artisan universel.

J’en fus charmé au pied de la lettre, parce que le parti me parroissoit très-bon de côté & d’autre. J’ai déjà donné le caractère du jeune homme.