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de Robinson Crusoé.

de les traiter avec douceur. J’aurois pu leur en faire avoir un plus grand nombre ; mais je savois que mon Portugais persécuté avoit avec lui deux filles en état de se marier, puisque les autres avoient des femmes dans leur patrie.

Toute cette cargaison arriva en bon état dans l’île, & l’on croira sans peine qu’elle y fut reçue avec plaisir par mes sujets, qui, avec cette addition, se trouvoient alors au nombre de soixante ou soixante-dix, sans les petits enfans, qui étoient en grande quantité, comme j’appris ensuite au retour de mes voyages, par des lettres que je reçus à Londres, par la voie du Portugal.

Il ne me reste pas un mot à dire à présent de mon île, & quiconque lira le reste de mes mémoires fera fort bien de n’y songer plus, & de s’attacher entièrement aux folies d’un vieillard qui ne devient pas plus sage, ni par ses propres malheurs, ni par les malheurs mêmes d’autrui ; d’un vieux imbécille, dont les passions ne sont pas amorties par quarante ans de misère & de disgraces, ni satisfaites par un prospérité qui surpasse ses espérances mêmes.

Je n’étois non plus obligé d’aller aux Indes, qu’un homme qui est en liberté, & qui n’est