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de Robinson Crusoé.

de tillac, avec le nombre qu’il lui en falloit, afin de les laisser dans l’île, s’il étoit nécessaire d’y bâtir un fort & de se mettre en défense contre quelque ennemi. Cette précaution n’étoit pourtant pas inutile, comme j’eus lieu de le penser en y arrivant, & l’on verra par la suite de cette histoire, qu’il n’en falloit pas moins, si l’on vouloit se maintenir dans la possession de l’île.

Ce voyage réussit beaucoup mieux que les autres que j’avois faits par mer, & par conséquent je ne serai pas fort souvent obligé d’arrêter, par le récit de quelques accidens fâcheux, le lecteur impatient apparemment de savoir l’état où se trouvoit ma colonie. Il est vrai cependant que nous eûmes d’abord des vents contraires, & quelques autres contre-tems, qui firent durer le voyage plus que je n’avois espéré. Mon voyage de Guinée avoit été jusques-là l’unique dont je fusse revenu comme je l’avois projeté ; ce qui me fit croire que je serois toujours malheureux dans mes courses : ma destinée étoit de n’être jamais content à terre, & d’avoir toujours des infortunes en mer.

Les vents contraires, qui nous poussèrent au commencement vers le nord, nous forcèrent à entrer dans le port de Gollowart en Irlande ; & nous y retinrent pendant vingt-trois jours ; mais nous avions cet agrément dans ce petit désastre,