Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/403

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
397
de Robinson Crusoé.

Angleterre pour la somme d’une guinée & demie ; aussi n’auroit-il pas pris la peine de marcher, si deux esclaves qui suivoient le chevalier à pied, armés de bons fouets, n’avoient donné courage à cette aridelle. Il avoit encore un fouet à la main lui-même, qui ne lui étoit pas inutile, & il travailloit du côté de la tête & des épaules du noble animal, dans le tems que ces palfreniers exerçoient leurs forces sur les parties postérieures.

Pour comble de pompe, il étoit encore accompagné de dix ou douze esclaves ; on peut juger de la magnificence de leur livrée, par la description que j’ai faite de l’habit du maître. Nous apprîmes qu’il venoit de la ville pour aller se promener à sa terre, qui étoit à-peu-près à une demi-lieue de nous. Nous marchâmes au petit pas, pour jouir plus long-tems de la brillante figure de ce chevalier, mais enfin il prit les devants, parce que nous trouvâmes à propos de nous arrêter à un village pour nous y rafraîchir. Peu de tems après, étant arrivé à son château, nous l’y trouvâmes qui dînoit dans une petite cour devant sa porte. C’étoit par un pur orgueil qu’il avoit choisi cet endroit exposé aux yeux des passans, & l’on nous dit que plus nous le regarderions & plus nous flatterions sa vanité.

Il étoit assis à l’ombre d’un arbre semblable à un palmier-nain, sous lequel, pour se défen-