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de Robinson Crusoé.

volent sur les grands chemins à main armée, & à qui les habitans ne pourroient résister en rase campagne.

Je commençai alors à remarquer parfaitement bien la nécessité qu’il y avoit à ne se pas éloigner des caravanes, en voyant des troupes entières de Tartares roder autour de nous. Ils approchoient assez de nous pour que je pusse les examiner à mon aise, & j’avoue que je suis surpris qu’un empire comme celui de la Chine, ait pu être conquis par des faquins aussi misérables que l’étoient ceux qui s’offroient à mes yeux ; ce n’étoit que des bandes confuses, sans ordre, sans discipline, & presque sans armes.

Leurs chevaux sont maigres, & à moitié morts de faim, mal dressés ; en un mort, ils ne sont bons à rien. J’eus l’occasion de remarquer ce que je viens de dire, le premier jour, après avoir passé la muraille. Celui qui nous commandoit alors nous permit, au nombre de seize, d’aller à la chasse de certains moutons sauvages qui sont assurément les plus vifs & les plus alertes de toute leur espèce. Ils courent avec une vîtesse étonnante ; mais ils se fatiguent aisément ; & quand on en voit, on est sûr de ne les pas courir en vain : ils paroissent d’ordinaire une quarantaine à la fois ; & comme de véritables moutons, ils se suivent toujours les uns les autres.