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de Robinson Crusoé.

flèches tombèrent justement devant nous, & si nous avions été plus près d’eux, d’une vingtaine de verges, plusieurs de nous auroient été tuée, ou du moins blessés.

Nous fîmes d’abord hale ; & quoique nous fussions assez éloignés de cette canaille, nous fîmes feu sur eux, & nous leur envoyâmes des balles de plomb, pour leurs flèches de bois. Nous suivîmes notre décharge au grand galop, pour tomber sur nos ennemis le sabre à la main, selon les ordres de notre courageux Écossois. Ce n’étoit qu’un marchand, mais il se conduisit dans cette occasion avec tant de bravoure, & avec une valeur si tranquille, qu’il paroissoit être fait pour les exploits militaires.

Dès que nous fûmes à portée de ces misérables, nous leurs lâchâmes nos pistolets dans la moustache, & immédiatement après nous mîmes flamberge au vent ; mais nous aurions pu nous épargner cette peine, puisque nos faquins s’enfuirent avec toute la confusion imaginable.

C’est ainsi que finit notre combat, où nous n’eûmes d’autre désavantage, que la perte des moutons que nous avions pris à la chasse ; nous n’eûmes ni morts ni blessés ; mais du côté des Tartares, il y en eut cinq de tués ; pour le nombre des blessés je n’en puis parler ; ce qu’il y a de certain, c’est que la seconde troupe qui étoit venue