Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/433

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
427
de Robinson Crusoé.

Après avoir quitté Naum, nous eûmes à passer plusieurs grande rivières, & deux terribles déserts, dont l’un nous coûta seize jours de marche. C’est une pays abandonné, comme j’ai dit, & qui n’appartient à personne. Le vingt-trois Mars, nous arrivâmes sur les terres de la Moscovie, & si je m’en souviens bien, la première ville que nous rencontrâmes de jurisdiction du czar, est appelée Argum : elle est située à l’ouest d’une rivière du même nom.

Je me vis arrivé avec toute la satisfaction possible, en si peu de tems, dans un pays chrétien, ou du moins de la domination d’un prince chrétien ; je n’étois pas le maître de mes transports de joie. Il est vrai, selon mon opinion, que si les Moscovites méritent le titre de chrétiens, c’est tout au plus ; mais du moins, ils se font une gloire de porter ce nom, & ils sont même fort dévots, à leur manière.

Je suis persuadé que tout homme qui voyage par le monde, comme moi, & qui seroit capable de quelques réflexions, sentiroit avec force, que c’est une grande bénédiction du ciel, d’être né dans un pays où le nom de Dieu & du Sauveur est connu, & non pas parmi des peuples livrés par malheur aux plus grossières illusions, des peuples qui rendent un culte religieux aux démons, qui se prosternent devant le bois & devant la pierre,