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de Robinson Crusoé.

Cependant, en y pensant plus mûrement, nous trouvâmes bon d’attendre jusqu’à la nuit suivante, parce que dans ce cas la caravane droit partie le matin même après l’action : ce qui empêcheroit le gouverneur de donner satisfaction à ces barbares à nos dépens, puisque nous serions déjà hors de son pouvoir.

Le marchand Écossois, qui étoit aussi ferme dans sa résolution, qu’il se montra dans la suite brave en l’exécutant, m’apporta une habit de Tratare, fait de peaux de mouton : avec un bonnet, un arc & des flèches. Il s’en pourvut aussi, de même que son compagnon, afin que ceux qui nous verroient, ne pussent jamais savoir quelle sorte de gens nous étions.

Nous passâmes toute cette nuit à faire plusieurs compositions de matières combustibles, de poudre à canon, d’esprit-de-vin & d’autres drogues de cette nature. Nous nous en munîmes pour la nuit destinées à l’entreprise ; nous prîmes avec nous un pot rempli de poix-résine, & nous sortîmes de la ville environ une heure après le soleil couché.

Il étoit à-peu-près onze heures, quand nous arrivâmes à l’endroit en question, sans que nous pussions remarquer que le peuple eût la moindre appréhension touchant leur idole. Le ciel étoit couvert de nuages, néanmoins la lune nous