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Les aventures

il leur dit que ce matin-là même une caravane étoit sortie de la ville pour s’en aller dans la Russie ; que c’étoit peut-être quelqu’un de ces voyageurs, qui leur avoit fait cet affront, & qu’il enverroit des gens, pour tâcher de le découvrir s’ils vouloient se contenter de ce procédé.

Cette proposition sembla les calmer un peu, & pour leur tenir parole, le gouverneur nous envoya quelques-uns de ses gens, qui nous instruisirent en détail de tout ce qui venoit d’arriver, en nous insinuant que, si quelqu’un de la caravane avoit donné occasion à cette émeute, il feroit bien de s’échapper au plutôt ; & que, coupables ou non, nous agirions prudemment, en poussant notre marche avec toute la vitesse possible, pendant qu’il ne négligeroit rien pour amuser ces barbares, jusqu’à ce que nous fussions hors d’insulte.

Cette conduite du gouverneur étoit certainement des plus obligeantes ; mais quand on en instruisit toute la caravane, il n’y eut personne qui ne fût parfaitement ignorant de toute l’affaire ; & nous fûmes précisément ceux qu’on soupçonna le moins. On ne nous fit pas seulement la moindre question là-dessus. Néanmoins celui qui commandoit alors la caravane profita de l’avis du gouverneur, & nous marchâmes pendant deux jours & deux nuits, sans nous arrêter

presque,