Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/476

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de notre fortune, ce qui nous exempte, de la fatigue de notre subsistance par la chasse. Cependant les pauvres soldats qui se trouvent ici & qui courent les bois pour prendre des renards & des sables, sont au large autant que nous. Le travail d’un mois leur fournit tout ce qui leur est nécessaire pour une année entière. Comme nous dépensons peu, nos besoins sont petits, & il nous est aisé d’y subvenir abondamment.

Je m’étendrois trop si je voulois rapporter toutes les particularités de l’entretien que j’eus avec cet homme véritablement grand. Il y fit voir un génie supérieur une grande connoissance de la véritable valeur des choses & une sagesse soutenue par une noble piété. Il n’étoit pas difficile de se persuader que le mépris qu’il avoit pour le monde étoit sincère & l’on verra dans la suite de mon histoire que ces apparences n’étoient pas trompeuses.

J’avois déjà été là pendant huit mois dans un hiver extrêmement obscur & d’un froid si excessif que je n’osois pas me hasarder dans les rues sans être enfoncé dais les fourrures & sans même avoir devant le visage un masque qui en fût doublé. Il n’y avoit qu’un trou pour la respiration, & deux autres pour me donner liberté de voir & de distinguer les objets. Pendant