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Les aventures

il effraya par-là plusieurs matelots coupables de la première mutinerie, & ils persuadèrent à tout le reste qu’on les amusoit seulement par de bonnes paroles, mais qu’on les mettroit entre les mains de la justice dans le premier port d’Angleterre où le vaisseau entreroit.

Le contre-maître en eut vent, & nous en avertit ; sur quoi il fut résolu, que moi qui passois toujours pour un homme de conséquence, j’irois leur parler avec le contre-maître, & que je les assurerois que, s’ils se comportoient bien pendant le reste du voyage, il ne seroit jamais parlé du passé. Je m’acquittai de cette commission, & je leur donnai ma parole d’honneur, qu’ils n’avoient rien à craindre du ressentiment du capitaine. Ce procédé les appaisa, sur-tout quand ils virent relâchés à mon intercession les deux mutins à qui on avoit mis les fers aux pieds.

Cependant cette affaire nous empêcha de faire voile pendant cette nuit, & le vent s’étant abbatu, nous sûmes le lendemain que les prisonniers qu’on avoit relâches avoient volé chacun un mousquet, & quelques autres armes, comme aussi apparemment de quoi tirer, & que s’étant glissés dans la pinace, ils s’étoient sauvés à terre pour se joindre aux autres mutins, leurs dignes compagnons.

Dès que nous eûmes fait cette découverte, je