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de Robinson Crusoé.

bâtiroient point de maison sur leur terrein à moins que de leur en payer les rentes, ou que le diable y auroit part.

Les pauvres gens s’imaginèrent d’abord qu’ils vouloient railler ; ils leur demandèrent s’ils vouloient entrer, pour voir à leur aise les beaux palais qu’ils avoient bâtis, & pour s’expliquer sur les rente qu’ils demandoient. L’un, voulant badiner à son tour, leur dit que, s’ils étoient les maîtres du terrein, il espéroit que, s’ils faisoient valoir leurs terres comme il faut, ils voudroient bien leur accorder quelques années de franchise, à l’exemple des autres seigneurs, & il les pria de faire venir un notaire pour dresser un contrat. Un de mes trois marauds, en jurant & en blasphêmant, répondit qu’ils alloient voir si tout ceci n’étoit qu’une raillerie, & s’approchant d’un feu que ces bonnes gens avoient fait pour apprêter leur dîner, il prend un tison, le jette dans une des cabanes, & y met le feu. Elle auroit été consumée, si un des propriétaires n’avoir couru à ce coquin, ne l’avoit éloigné par force de sa pauvre hutte, & n’avoit éteint le feu en marchant dessus : encore eut-il bien de la peine à réussir.

Ce scélérat étoit dans une telle rage, en voyant le mauvais succès de sa barbarie, qu’il s’avança sur celui qui en étoit la cause, avec une perche