Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/113

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sur le motif de la guerre qu’il avoit entreprise. Les autres monarques, lui dit elle, donnent des batailles, assiègent des villes pour satisfaire leur orgueil ou leur cruauté ; ces monstres inhumains, dignes d’être étouffés dès le berceau, font l’horreur de la terre, & les foudres les plus redoutables que les dieux irrité font tomber sur les humains. Mais pour vous, grand roi, vous faites la gloire de votre siècle, & vous êtes pour les mortels le plus cher présent des cieux. Vous n’entreprenez que la conquête d’un cœur, & du cœur d’une princesse adorable. L’amour seul arme votre bras, ce dieu seul anime votre courage : que votre motif est noble, & que votre projet est galant ! c’est pour admirer des exploits entrepris dans une vue aussi belle, que nous venons dans ce camp du plus fameux guerrier de l’univers, dans l’espérance que sa bonté pour nous égalera la grandeur de ses actions.

Le roi parut flatté de ce compliment, que la fée prononça sans rire, quoiqu’elle en eût grande envie. Le monarque proposa aux étrangers de souper à sa table, & ils acceptèrent cet honneur avec grand respect. Je ne vous ferai pas, dit le roi, fort grande chère ; mais vous savez que, dans un camp, les traiteurs sont très-rares : au reste, comme on dit, à la guerre comme à la