Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/115

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pas riche, dit-il, ni mes sujets non plus ; mais nous sommes contens de nous-mêmes : que nous faut-il d’avantage ? Fêlée a le plus grand tort du monde de refuser ma main & ma couronne. En prenant bien notre systême, elle seroit la plus heureuse princesse du monde.

Elle n’a pas raison, dit Prenany ; avec un homme aimable, les richesses sont inutiles.

Oh ! vous voulez dire, reprit Dondin, que je ne suis pas beau ; mais l’agrément du corps ne consiste que dans l’imagination. D’être fait d’une façon ou d’une autre, cela n’est-il pas tout-à-fait indifférent ? Les bossus ne sont point à la mode dans de certains pays, les gens droits & grands ne sont point de mise dans le nôtre : de savoir si nous avons raison ou non, c’est ce que personne ne peut décider, parce qu’il sera intéressé dans la dispute, étant infailliblement droit ou tortu. Si Fêlée m’épousoit, elle auroit un petit prince bossu : je suis sûr qu’elle l’aimeroit à la folie, & qu’elle le trouveroit le plus joli du monde. Pourquoi ne veut-elle pas se donner ce plaisir là ?

Ce discours impatientoit si fort Prenany, qu’il n’osa répondre, de peur de dire au roi quelque brusquerie.

Je suis de votre avis, dit Cabrioline ; si tout le monde étoit ce que quelques gens appellent