Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/126

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compagnie. Comme il mangeaoit avec vivacité, un des Dondiniens lui dit en riant : Vertuchou ! comme vous avalez ; il semble que vous ayez dansé comme nous, tant vous êtes affamé. Prenany parut ignorer ce qu’il vouloit dire, & là-dessus on lui conta l’aventure de la danse, qu’il savoit aussi bien qu’eux. Il parut en colère contre la fée, & dit que si le roi vouloit retourner en Amazonie pour se venger, il s’offroit à l’accompagner. Il y reviendra tout seul, s’il veut y retourner, dit le principal de la troupe ; pour moi, si on m’y retrouve jamais, je consens de danser le reste de ma vie.

Après qu’on eut entièrement achevé les provisions des Dondiniens, & vidé une outre pleine de vin qu’ils avoient apportée, chacune se leva pour continuer sa route. On demanda à Prenany de quel côté il portoit ses pas ; il dit qu’il prétendoit aller du côté d’Amazonie ; les boiteux dirent qu’ils retournoient dans leur pays. Ainsi, il se disoient adieu, & alloient se séparer bons amis, quand, par malheur, Prenany, en tirant son mouchoir, fit sortir quelques pois, qu’il avoit laissés dans sa poche, en quittant les remparts d’Amazonie.

Aussi-tôt le capitaine des bossus lui demanda, d’un air brusque, ce que cela signifioit. Prenany rougit & se troubla ; son embarras le perdit.