Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/128

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manquera. Nous avons pansé votre blessure, qui n’est pas dangereuse, & avant qu’il soit trois mois, vous serez en état de marcher. Comment trois mois ! dit Prenany, j’aimerois autant mourir. Oh ! cela n’ira pas là, dit une autre vieille ; je sais ce que c’est que les blessures, & ma mère même savoit la recette d’un onguent qui guérissoit une coupure en moins de huit ou dix jours. Oh ! j’ai raison, reprit la première vieille, & je sais, par expérience, qu’une pareille plaie est long-temps à guérir. J’ai vu le fils d’une de mes intimes amies, que vous avez aussi connue, dit-elle à une de ses compagnes ; nous avons tant joué à la madame ensemble dans notre enfance, à telles enseignes qu’elle avoit marié sa fille à un jeune homme dont le père avoit un bien considérable, mais qui ne donna pas à son fils ce qu’il lui avoit promis en mariage. C’est ce qui fit que ce jeune homme se dérangea furieusement, & sa femme, de son côté, fit beaucoup parler d’elle ; ce qui montra ce que peut le mauvais exemple ; car étant fille, c’étoit la personne du monde la plus vertueuse ; mais il se peut que le monde eût tort de l’accuser de coquetterie ; car bien souvent on aime gloser sur la conduite d’autrui, & l’on dit toujours plutôt le mal que le bien, & cela par envie, ce qui est