Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/154

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lui ! Sans doute les dieux qui me séparent de ce jeune héros, témoignent qu’il faut que je mérite d’être à lui. Entreprenons donc quelque chose de considérable ; remportons une victoire signalée sur quelques-uns de nos ennemis ; mais choisissons les plus redoutables, pour faire mieux éclater notre courage. Armons un vaisseau, & allons attaquer les Soliniens. Triomphons de ces ennemis qui osent mépriser la lune. Notre victoire me rendra cette divinité propice, & me fera retrouver le jeune guerrier que nous avons perdu.

La sage gouvernante voulut en vain détourner la princesse de son dessein. Fêlée prit avec elle les guerrières les plus braves ; &, sans en avertir la reine, elle monta sur un vaisseau qui étoit au port, & arriva bientôt aux rivages de Solinie, accompagnée de sa gouvernante, qu’elle avoit enfin persuadée.

La princesse avoit laissé ordre d’avertir sa mère de son projet après qu’elle seroit partie. La reine parut d’abord inquiète de ce départ : mais des gens sages lui persuadèrent qu’elle ne devoit point s’alarmer ; qu’il étoit glorieux pour elle d’avoir donné la naissance à une héroïne dont la valeur surpasseroit celle des reines ses aîeules ; en sorte que la reine calma ses inquiétudes.