Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/161

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vous-même courir le monde (lui dit-elle un jour qu’il pressoit sa mère de consentir à son départ) cela seroit absolument inutile. Envoyez. y Prenany tout seul, il verra tout aussi bien que si vous étiez avec lui ; & quand il reviendra, il vous en rendra un compte si exact, que ce sera comme si vous y aviez été vous-même. Un homme ne seroit-il pas charmé d’envoyer ses yeux dans un pays qu’il voudrait voir, & de pouvoir demeurer tranquille chez lui, sans exposer sa personne aux fatigues du voyage, ni aux périls que l’on peut courir ?

Le prince goûta très-fort ce raisonnement, & il fut résolu que Prenany voyageroit pour lui, accompagné des deux hommes qui le corrigeroient, pour lui faire écrire exactement ce qu’il verroit. Mais, dit Prenany, je ne serai obligé de vous rapporter que ce que j’aurai vu, & non pas ce que j’aurai appris ; car je ne vous ai pas rendu sourd : je ne suis pas obligé d’entendre pour vous. J’y consens, dit Solocule ; il y a mille gens qui ne font que voir dans leurs voyages, & qui ne laissent pas d’être très contens.

Cependant on demanda à Solocule par quel pays il vouloir commencer ses voyages. Je n’ai, dit-il, jamais vu Solinie ; c’est un pays très-beau, à ce que l’on dit ; je serais curieux de le