Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/194

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que ma chère maîtresse étoit devenue, je n’osai obéir à la vieille. Mon maître, lui dis-je, m’a expressément défendu de mettre à mon doigt cet anneau. Eh bien, prêtez-le moi, dit cette femme, & donnez-moi votre main ; vous serez instruit du sort de Zaïde, sans désobéir à votre maître. J’eus la facilité, continua Bengib, de suivre le conseil de la vieille ; mais dès qu’elle m’eut mis au doigt cette bague fatale, elle se leva, en faisant un grand éclat de rite, & dit : J’ai plus d’esprit que la fée des montagnes ; quand la jeune captive seroit sortie du sort, que seroit-elle devenue ? Allez, me dit-elle, suivez votre fortune ; elle vous conduira bien.

Pendant qu’elle disoit ces paroles, son visage changea entièrement, ses rides disparurent, enfin cette vieille devint une jeune personne charmante. Elle me quitta aussi-tôt, en me disant d’un air ironique : Adieu, Bengib, ne vous fiez pas aux vieilles ; elles sont aussi trompeuses que les jeunes.

Dès qu’elle sut partie, je cherchai la lettre que mon maître m’avoir donnée, & ne la trouvai point. Je vis bien que la traîtresse me l’avoit prise ; je sortis de cette maison, agité d’un cruel remords, & au désespoir d’avoir été trompé ; mais ma douleur augmenta encore, quand je