Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/196

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aussi-tôt je vis cet homme étonné, qui sembloit me chercher des yeux ; il sortit en même temps de la salle où nous étions, & entra dans sa boutique, où pluseurs personnes étoient assemblées. L’avez-vous vu fuir, leur dit-il en riant, cet homme qui veut que l’on lui coupe un doigt & qui se sauve si vite au moindre mal qu’un éclair n’est pas plus prompt à disparoître ? Chacun l’assura que j’avois couru si légèrement que personne ne m’avoit aperçu.

J’avois pourtant suivi le maître dans sa boutique, & je voyois ceux qui rioient de mon aventure, sans qu’il parût qu’ils m’aperçussent. Je jugeai que cette bague rendoit invisible lorsque la pierre étoit en dessous. Je sortis dans cette idée, & reconnus qu’en effet je n’étois vu de personne.

Depuis que cette aventure m’est arrivée, je n’ai pas osé retourner chez Abdumnella. Je vis de ce que je prends dans la ville sans être aperçu ; enfin je venois aujourd’hui au pied de ces rochers implorer le secours de la fée qui m’a donné au grand-prêtre & lui demander quels sont les grands événemens auxquels elle m’a dit que j’étois destiné.

L’esclave finit de cette sorte son récit, & Prenany n’eut pas lieu de s’imaginer que la jeune