Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/210

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son ordinaire. Quoi ! dit la gouvernante on alloit nous immoler ? Oui vraiment, dit le prince ; mais je suis roi, & je l’empêcherai bien. Aussitôt la gouvenante, en poussant sa jeune maîtresse, avec le coude : Revenez donc à vous, lui dit-elle. Savez-vous où l’on nous conduisoit ? On alloit nous tuer ; mais Prenany est le roi de cet empire & nous sauvera la vie.

Fêlée revint à cette agitation & tournant tendrement les yeux vers le prince : Que je suis heureuse ! lui dit-elle ; en apprenant que j’allois perdre la vie, je retrouve celui qui doit en faire tout le bonheur. Que les périls sont charmans, quand on ne les connoît que par une issue aussi agréable ! Le roi ordonna aux prêtres de ne plus songer à faire ce sacrifice. Le grand prêtre Abdumnella assura le monarque que c’étoit malgré lui que l’on faisoit cette cérémonie ; & pour lui rendre compte de ses sentimens, il lui parla de cette manière.

Peu de temps après la mort du roi votre père, nous entendîmes sa voix dans le temple pendant une nuit fort obscure. Mon fils n’est point mort, nous dit-il ; je n’ai point trouvé son ombre aux enfers ; ainsi vous devez espérer de ravoir ce prince : mais il faut fléchir le soleil afin qu’il vous le rende. S’il vient des femmes sur ce