Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/237

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vez pas craindre aujourd’hui de manquer ni à la dignité de l’empire, ni à vos coutumes. Apprenez que c’est moi qui ai conduit ici la princesse & sachez que Cabrioline vaut bien un ambassadeur. Cela est vrai, dit Agis, quoiqu’il y ait bien des gens qui en doutent. Au reste, ajouta la fée si mes raisons ne vous persuadent pas, je sais le moyen de vous faire obéir. Je vais appeler mon joueur de flûte ; demandez à Agis si je vous ferai danser. Ah de grâce, Messieurs, dit le page, mariez au plutôt le roi, par pitié pour moi & pour vous-mêmes ; ne vous exposez pas à voir votre temple détruit, & votre ville démolie de fond en comble, à force de sauter.

Le grand-prêtre feignit de se rendre plutôt à la raison de Cabrioline qu’à la crainte, & la jeune Fêlée fut unie pour jamais à son cher prince.

Dès qu’Abdumnella eut achevé la cérémonie, on entendit un bruit souterrain, qui fit trembler tout le monde. Le roi sur-tout & la jeune reine furent consternés par la crainte que quelque nouveau malheur ne vînt troubler leur union. Mais on se rassura, quand on vit sortir du fond du temple une nymphe que le grand prêtre & Bengib reconnurent pour la fée des montagnes.