Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/256

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entendit qu’en mangeant de l’agneau & en buvant de ce vin, l’aîné de ces princes dit : Je crois que la vigne qui a donné ce vin est crue sur un sépulcre ; & moi, dit le second, je suis assuré que cet agneau a été nourri du lait d’une chienne. Ma foi, vous avez raison, mes frères, dit le troisième ; mais cela n’est pas d’une si grande conséquence que ce que j’ai à vous dire présentement. Vous saurez donc que j’ai connu ce matin, par quelques lignes, que l’empereur a fait mourir pour crime le fils de son visir, & que le père ne songe à autre chose qu’à venger cette mort par celle de son maître. L’empereur ayant entendu ces paroles, entra dans la chambre, & dissimulant sa surprise : Eh bien, Messieurs, leur dit-il, de quoi vous entretenez-vous ? Ces jeunes princes feignirent de ne le pas entendre, & lui dirent : Seigneur, nous sortons de table, & nous avons parfaitement bien dîné. L’empereur, qui ne souhaitoit pas de savoir cela, les pressa de lui faire part des choses qu’ils avoient dites pendant leur repas, en les assurant qu’il avoit entendu leurs discours. Alors ils ne purent lui cacher la vérité, & lui racontèrent la conversation qu’ils avoient eue à table.

L’empereur demeura quelque temps à s’entretenir avec eux, & ensuite il se retira dans