Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/327

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toute la diligence possible, & le prince sachant que cette maison étoit fort jolie, s’y fit transporter dans une litière. À peine y fut-il arrivé, qu’il entendit le chant de mille oiseaux qui le divertirent extrêmement ; de sorte qu’au bout de quelques jours il se trouva beaucoup mieux qu’il n’étoit. Le paysan, de son côté, ne manqua pas d’y mener son singe, qui fit cent gambades devant le roi, qui le firent rire plusieurs fois. Après que ce prince s’en fut bien diverti, le paysan mena son singe à la cuisine, où il étoit seul ; il le lia à un banc, & retourna trouver le roi, pour tâcher de l’entretenir dans sa belle humeur. Comme il entroit dans la chambre, le roi entendit quelque bruit dans la cuisine ; & s’étant approché de la fenêtre, il vit que le singe s’étoit délié, & campé à côté d’une marmite, où cuisoient, entre autre viandes, deux bons chapons pour la table de ce prince. Cet animal, après avoir fait plusieurs manèges autour de la marmite, leva le couvercle, & tira un chapon ; ensuite s’étant mis en disposition de le manger, un milan qui passoit, voyant cette proie, fit un rapide vol en descendant, & l’enleva de la patte du singe, en reprenant son vol. Jamais singe ne fut plus surpris, ni plus affligé en même temps ; car il n’avoit rien mangé de la journée, & comptoit beaucoup sur la capture qu’il avoit