Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/349

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d’autant plus grand, que personne n’osoit l’épouser, ni même devenir son amant, de crainte d’éprouver un sort semblable à celui de ces malheureux qui avoient été tués pour l’amour d’elle. Cependant les feux de la concupiscence qui l’embrasoient sans cesse, ne lui permettoient point de se passer d’homme ; & un jour, étant seule dans sa chambre, plus transportée de sa passion que jamais, un démon incube, sous la figure d’un beau garçon, s’apparut à elle, & lui fit offre de service. Elle l’accepta ; & toutes les nuits, il ne manquoit point de venir coucher avec elle. Comme elle l’aimoit passionnément, elle l’épousa, & en devint grosse. L’enfant dont elle accoucha avoit deux cornes au front. On me dira peut-être que les démons étant des esprits incorporels, n’engendrent point. Cela est très-vrai ; mais lorsqu’ils prennent la figure de femme, que l’on nomme succube, ils reçoivent la semence de l’homme, &, sous la forme d’incube, ils la donnent à la femme, & peuvent engendrer. De telles conjonctions naissent quelquefois des enfans merveilleux en force de corps & d’esprit. La chose n’est pas difficile à croire d’autant que les démons, sachant très-bien le temps qui est le plus propre à la génération, s’en servent avec adresse pour faire concevoir ces malheureuses.