Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/366

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trée de ne les pas refuser, & que quelques marques qu’elle pût jamais lui demander de l’intérêt qu’il prenoit à elle, il feroit tout son bonheur de la satisfaire.

Ce qu’elle lisoit lui parut si peu croyable, qu’elle ne sut que répondre au gentilhomme, & elle se vit le lendemain compter les deux mille pistoles, sans être persuadée que ce ne fût pas une illusion. C’étoit pourtant un présent réel, & le cavalier étant riche & la demoiselle peu accommodée, elle jugea à propos de l’accepter. Elle s’en fit un mérite auprès de lui, en lui répondant, après beaucoup de louanges sur sa générosité, qu’elle en feroit un usage contraire à celui qu’il lui marquoit, & que puisqu’il la mettoit en état, par le secours qu’il vouloit bien lui prêter, de n’avoir besoin d’aucun établissement, le malheur de ne pouvoir être à lui l’empêchoit d’être jamais à personne.

Cette assurance, qu’il n’eût osé demander, lui donna beaucoup de joie ; mais en même temps elle redoubla sa passion, non pas que la belle l’autorisât à la conserver ; mais plus il la connoissoit digne d’être aimée, plus celle qui étoit cause qu’il n’avoit pu être heureux, lui étoit insupportable. Il ne lui parloit jamais ; & si le nom de sa femme, qu’elle portoit malgré lui, l’obligeoit d’avoir pour elle des égards