Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/397

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dont il s’étoit fait ami, & prit le parti de lui écrire tout ce qu’il souffroit, quand il trouvoit son rival chez sa maîtresse, dans la pensée qu’elle lui feroit lire ses lettres, & que les tendres expressions dont il se servoit seroient capables de toucher son cœur. La dame, ne voulant pas lui faire connoître la tromperie qu’on lui avoit faite, employoit la main de sa suivante pour lui répondre, & tâchoit de bonne foi à lui rendre les bons offices qu’il exigeoit d’elle. Léonice, qui ne se laissoit point préoccuper par l’amour, & qui vouloit choisir à son avantage, trouvoit fort mauvais qu’Almadore osât condamner les honnêtetés qu’elle avoit pour son rival. Les plaintes qu’il se hasarda à lui en faire lui-même, marquoient un caractère d’emportement & de jalousie, qui ne l’accommodoit pas. Elle lui dit qu’il ne pouvoit prendre une plus méchante voie pour se faire aimer, que de vouloir agir avec tyrannie, & qu’il prît garde qu’une conduite si peu raisonnable pourroit ne servir qu’à avancer les affaires de celui qu’il essayoit de détruire. Ils eurent ensemble plusieurs différens sur ce rival trop bien écouté, & la jeune veuve empêchoit souvent qu’ils ne se brouillassent avec trop d’aigreur ; mais enfin, comme il ne pouvoit modérer sa jalousie, la belle se trouva si fatiguée des ses plaintes,