Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/399

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jeune veuve. Elle avoit de l’agrément & beaucoup d’esprit ; & comme une passion en guérit souvent une autre, insensiblement il prit plaisir à la voir. Il s’expliqua ; il fut écouté, & le seul obstacle qu’il trouvoit à son bonheur, venoit de la crainte que la dame avoit qu’il ne fût toujours touché de Léonice. Il la voyoit encore quelquefois, & elle craignoit que ce ne fût un feu caché sous la cendre. Il l’assura qu’il n’alloit chez elle de temps en temps que par une pure bienséance, & pour l’empêcher de croire que le dépit eût succédé à l’amour, & qu’il ne fût pas entièrement dégagé. Sur cette assurance, la jeune veuve, à qui Almadore ne déplaisoit pas, alla demander à son amie ce qu’elle vouloit qu’elle fît de lui, parce qu’il l’accabloit de visites ; & la voyant rire de cette demande, elle lui confia les fortes protestations qu’il lui faisoit d’un attachement sincère & tendre. Léonice, répondit qu’elle n’avoit qu’elle-même à consulter, & que si son caractère jaloux & bizarre ne lui faisoit point de peine, elle pouvoit suivre son penchant, sans lui causer le moindre chagrin. Leur mariage fut arrêté en fort peu de temps, & ils en remirent la conclusion au retour d’un voyage de deux ou trois mois qu’Almadore fut contraint de faire pour une succession considérable qui lui étoit