Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/403

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur le sacrifice qu’on lui demandoit ; & comme pour le tenir tout à fait certain, on voulut avoir toutes les lettres que la jeune veuve lui avoit écrites, il eut l’imprudence de les envoyer. La dame qui se donnoit cette comédie, auroit senti vivement l’outrage qu’il lui faisoit, si l’assurance de l’en voir puni sévèrement ne l’eût consolée.

Pendant qu’elle lui écrivoit ainsi de sa main au nom de Léonice, elle se servoit de celle de sa suivante pour lui écrire en son propre nom. Ce qu’il y eut de plaisant, c’est qu’à mesure que les lettres qu’il croyoit venir de Léonice étoient pleines de tendresse, celles qu’il adressoit à le jeune veuve marquoient le dégoût d’une personne qui les écrivoit avec contrainte. Elle se divertissoit à lui en faire de légers reproches, & il s’excusoit sur ce qu’un procès que lui donnoit sa nouvelle succession, ne devoit pas le mettre de bonne humeur. Il accommoda le sien, & relâcha même de ses droits, par l’impatience qu’il eut de retourner auprès de Léonice. Il revint tout triomphant, ne doutant point de sa conquête. L’amour lui épargnoit les remords de son infidélité, & il alla d’abord chez Léonice, dont il espéroit un accueil charmant. Il fut fort surpris, quand tout au contraire il s’en vit reçu avec beaucoup de froideur. Elle