Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/414

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agir sa raison, pour empêcher que l’amour n’en fût le maître. Le péril qu’elle couroit ne se pouvoit éviter que par la suite ; mais le remède étoit violent, cependant elle fit assez d’efforts sur elle-même pour prier le cavalier de ne la plus voir que rarement. Ce fut un ordre donné sans aucune envie qu’on l’exécutât. Le cavalier ne le vit que trop ; aussi continua-t-il ses soins avec tout l’empressement que donne le plus violent amour. Les plaintes qu’elle faisoit de sa résistance à ses volontés, n’empêchoient point qu’il ne fût toujours bien reçu ; & ses visites, quelque longues qu’elles fussent, ne la pouvoient jamais ennuyer. Il ne fut plus question de lui opposer l’intérêt de ses enfans, qui ne souffroient point qu’elle se remariât. Elle passa par-dessus cette considération, & ne s’arrêta qu’au seul obstacle du père du cavalier, qui lui sembloit invincible.

Comme l’amour se flatte toujours, il promit à la dame d’obliger son père de consentir à leur mariage, pourvu qu’elle lui permît de l’entreprendre. En effet, il fit agir des personnes d’une telle autorité, que tout autre qu’un bizarre se seroit rendu à leurs prières ; mais rien ne put l’ébranler. Il traita de ridicule la proposition qui lui fut faite, & prétendit que ce seroit vouloir ruiner son fils, que de