Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/418

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jeune marquis, que ses manières toutes agréables, & un air noble qui soutenoit sa beauté, lui donnèrent pour amant, elle sembla voir avec plaisir qu’il s’attachât à lui plaire. Les complaisances honnêtes qu’elle avoit pour lui, le flattèrent qu’elle agréoit son amour ; & il en étoit d’autant plus persuadé, qu’aucun de ceux qui avoient voulu lui rendre des soins, n’avoit été traité de la même sorte. Ce qui l’obligeoit à cette distinction, étoit le grand crédit du marquis, qui sollicitoit pour elle, & qui pouvoit tout sur la plupart des juges. Ainsi, elle avoit grand intérêt à le ménager ; & comme elle avoit beaucoup d’esprit, quand il lui parloit de mariage, elle savoit si bien se tirer d’affaire, que, sans trop s’engager, elle lui laissoit entrevoir que le consentement qu’il lui demandoit, dépendoit du gain de son procès. Après cela, on peut juger avec quelle ardeur il mettoit tout en usage pour lui procurer le succès qu’elle attendoit.

Les assurances sincères qu’elle avoit données au cavalier devoient si bien lui répondre de la bonté de son cœur, qu’elle négligea de l’avertir de cette conquête, comme elle avoit négligé de l’informer de toutes les autres. Il en eut pourtant avis, & ce fut pour lui un coup terrible. Il seroit parti sur l’heure, pour se tirer

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