Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/420

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queroit jamais à ce qu’il devoit à cette aimable personne, & que si elle trouvoit à redire à des devoirs passagers qu’il rendoit en son absence il y avoit des moyens sûrs de la satisfaire.

L’amie écrivit, & la dame, qui jugeoit des autres comme elle vouloit que l’on jugeoit d’elle-même, lui marqua, par sa réponse, qu’elle croiroit faire tort au cavalier de le soupçonner d’aimer quelqu’un à son préjudice, & qu’il y auroit de la cruauté à lui envier quelques momens de plaisir, pendant qu’il étoit éloigné d’elle. Le cavalier vit cette réponse, qui lui fut montrée afin que l’honnêteté qu’avoit la dame fût pour lui une espèce d’obligation de rompre l’assiduité qu’il avoit auprès de sa rivale. Elle produisit un effet tout contraire, dont il ne fit rien paroître. Il s’imagina que la dame ne se reposoit ainsi sur sa bonne foi, que dans le dessein de le porter à l’autoriser, par son exemple, à devenir infidèle. Dans cette pensée, il chargea un de ses amis intimes, que quelques affaires faisoient aller à Venise, d’observer la dame, & d’avoir des espions chez le marquis, afin de savoir ce qu’on y disoit. Il n’apprit rien d’agréable. Le marquis étoit très-assidu auprès de la dame, & personne ne doutoit chez lui que le mariage ne se dût faire dans fort peu de temps. Le cavalier perdit