Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/479

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il força son ami d’agir auprès d’elle, pour l’engager à entrer dans son parti, préférablement à ce qu’il pouvoit avoir de rivaux. La dame, qui arrivoit par-là à ses fins, feignoit de se laisser arracher comme par force le consentement qu’on lui demandoit, à condition qu’on feroit le mariage sans aucun retardement, afin que, quand le gentilhomme viendroit, il n’eût à faire que des plaintes inutiles, sur lesquelles elle trouveroit moyen de le satisfaire. Engéram se montra charmé de ce prétendu triomphe, & ce fut alors qu’on prit soin, plus que jamais, de le garder à vue, de peur qu’il ne fît ses réflexions accoutumées, si on l’abandonnoit à lui-même. La mère & la fille ne le quittoient presque point pendant tout le jour, & son ami, qu’on faisoit coucher dans la même chambre, passoit une partie de la nuit à l’entretenir des beautés de sa maîtresse. Le contrat fut bientôt fait, & étant signé des parties intéressées, Engéram se flatta d’avoir le plaisir de faire dire à la belle que son amour la touchoit ; mais elle affecta toujours la même réserve, & tout ce qu’il obtint, ce fut que l’obéissance qu’il lui voyoit rendre aux volontés de sa mère, suffisoit pour lui répondre de l’attachement qu’elle auroit à son devoir, quand elle seroit sa femme. Le jour fut choisi pour le mariage, & la nuit qui