Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/48

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que je n’en susse rien. Vous voyez que ces entretiens n’avoient pas de raison. Ces énigmes-là, dit Prenany, n’étoient pas faciles à deviner. Mais, ajouta le prince, il étoit toujours auprès de vous, il passoit pour votre compagne. Qu’il étoit heureux ! Il vous rendoit tous les services qu’on rend à une jeune amie. Il ne m’a jamais charmée par-là, répondit la princesse. Il étoit si mal-adroit, qu’il ne pouvoit me lacer mon corps sans passer des œillets ; il falloit toujours recommencer deux ou trois fois. Un jour, en entrant dans ma chambre le matin, tandis que j’étois au lit, & toute seule, il fit tomber la clef en fermant la porte ; en sorte que ma gouvernante, qui revint sur le champ, ne pouvoit plus entrer pour m’apporter à déjeûner : il fallut qu’il lui allât ouvrir. Mais, dit Prenany d’un air agité, lorsque vous vous évanouissiez, n’étoit-il pas quelquefois auprès de vous, & n’aimiez-vous pas qu’il vous fît revenir ? Oh ! dit la princesse, il ne s’est trouvé qu’une fois auprès de moi, lorsque je tombai en foiblesse ; mais ma gouvernant y étoit, qui le pria d’aller chercher de l’eau de mélisse. Il vouloit qu’elle y allât elle-même ; & tandis qu’ils disputoient, je fus obligée de revenir toute seule, & sans que l’on me donnât de secours. Depuis qu’il m’a joué ce tour-là, je ne le saurois souffrir. On dit pourtant