Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/54

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croyoit tenir Prenany, il saisissoit les branches voisines, & sautant ainsi d’arbre en arbre, les pauvres pages perdoient leur peine. Le reste du jour se passa à cette poursuite, & la nuit étant venue, il fallut laisser là le criminel, qui s’étoit caché dans un gros chêne. On fit rester quelques gardes dans le bois, & toute la cour s’en retourna fort affligée, dans le dessein d’envoyer prendre Prenany dès le lendemain.

Fêlée se retira dans sa chambre, & quand elle fut seule avec sa gouvernante, qui savoit son amour pour Prenany, elle donna un libre cours à ses larmes. Mon cher amant va périr, disoit-elle, la mère de Solocule ne lui pardonnera jamais ; &, ce qui me désespère, c’est pour m’avoir trop aimée, qu’il souffrira la mort dont on le menace. Il ne vouloit pas que Solocule me regardât, c’est moi seule qui suis la cause de cette entreprise téméraire.

Ne vous affligez point si vivement, dit la sage gouvernante ; Prenany n’est point mort, puisqu’il n’est pas encore au pouvoir d’Acariasta : empêchons qu’il ne tombe entre ses mains, & faisons-le sauver dès cette nuit : nous n’avons qu’à lui conduire un cheval, & tâcher de le trouver dans la forêt ; nous le ferons partir sur le champ, & demain ce sera en vain qu’on le cherchera.