Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/69

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lorsque j’en suis sorti. Il faut que quelque chose d’extraordinaire attire bien du monde d’un autre côté ; je ne vois pas ici la moitié des habitans qui se promènent ordinairement dans les rues.

Savantivane demanda à un jeune Azinien qu’il aborda, pourquoi il ne voyoit pas autant de monde qu’à l’ordinaire. Vraiment, répondit le jeune homme, presque tous nos citoyens sont à la place publique, pour voir l’exécution d’un misérable savant que l’on a rencontré ; il doit être pendu, à l’heure que je vous parle, à la queue du grand âne.

Ces parole renouvelèrent bien désagréablement, dans le cœur de Savantivane, le souvenir du malheureux Doctis ; mais il se garda bien d’en rien faire paroître, de peur de se rendre suspect ; il dit au contraire à l’Azinien, avec une joie affectée : Racontez-moi, je vous prie, quel est le crime de cet homme, afin que nous en rions ensemble.

Je ne sais pas trop de quoi on l’accuse, répondit le jeune Azinien ; j’ai seulement entendu dire qu’il copioit les écrits que nos citoyens font faire quand ils ont quelque procès entre eux, qu’il mettoit à la fin les sentences que l’on avoit rendues, & qu’il envoyoit tout cela dans les autres villes de l’empire. On a eu peur que